Descender


Descender

Scénario :   Jeff Lemire
Dessin : Dustin Nguyen
Genre : Science-fiction
Année : de 2016 à 2019
Edition :      Urban Comics
Nombre de tomes : 6
Statut : Série terminée
Public : Tout public


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L'histoire
La Galaxie se remet péniblement du traumatisme causé par l'apparition, il y a dix ans, des Récolteurs, des robots de la taille d'une planète qui préfigurèrent la révolte des machines contre les Hommes. C'est dans cet univers en pleine reconstruction, qui a depuis appris à haïr le genre mécanique, que s'éveille Tim-21. Sans le savoir, le petit droïde cache dans ses circuits imprimés l'héritage et es véritables intentions des Récolteurs. Un secret dont tous les gouvernements de la galaxie rêveraient de s'emparer.

Descender extrait 01

Mon avis
« Descender » est la preuve qu’à partir d’une thématique des plus classiques (en l’occurrence l’émancipation des robots dotés d’une intelligence artificielle), il est possible d’être original, de raconter des choses différentes, faire réfléchir ou divertir. « Descender », est tout cela à la fois.

La première chose qui surprend lorsque le lecteur ouvre un tome de « Descender », ce sont ses dessins à l’aquarelle, si rarement utilisés dans le monde de la science-fiction. Dustin Nguyen, donne chaire aux robots via des graphismes presque organiques. Les décors sont parfois esquissés, mais au lieu d’appauvrir l’ensemble, cela renforce la présence des personnages et crée une énergie singulière qui commence dès la première page, sans jamais diminuer, jusqu’à la toute dernière. Sous les pinceaux de Nguyen, l’espace infini prend des teintes voilettes, roses et bleues ; les vaisseaux spatiaux polyformes accostent des planètes aux univers riches et dangereux (voire magiques…) ; et le bestiaire des robots, personnages principaux de cette histoire, est tout simplement énorme. Par ses somptueux graphismes, Nguyen crée une ambiance, un univers étrange, intimiste et quasiment métaphysique rarement vu.

Scénaristiquement, Jeff Lemire, l’auteur de « Trillium », s’inspire du très classique « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » de Philip K. Dick ; mais il parvient à créer ici quelque chose de nouveau avec des questionnements qui vont au-delà de la place du robot doté d’une intelligence artificielle dans notre société. Lemire traite, entre autres, de l’éradication des peuples par la bêtise, l’obscurantisme de l’armée, le racisme, et va même jusqu’à suggérer que l’être humain moderne aurait pu être créé par les machines. Seraient-elles « Dieu » ? Et pour traiter ces considérations philosophiques, Lemire met en place une narration rythmée, pleine de suspense (un cliffhanger à chaque fin de chapitre), crée des personnages charismatiques et attachants (prenant même le risque de ne proposer qui des antihéros pour seules projections des lecteurs) tout en distillant savamment, tout au long des six tomes, les révélations qui permettent d’envisager tout l’univers pensé et de répondre intelligemment aux questions des lecteurs. De plus, mettant tout son savoir-faire à l’oeuvre, le scénariste n’hésite pas à structurer sa narration avec de nombreux longs flash-backs, des actions parallèles pour suivre plusieurs personnages à la fois, et mêmes des retours en arrière sur les mêmes situations, mais à travers le regard d’autres protagonistes afin d’éclairer de nouveaux pans de l’intrigue, tout cela sans jamais l’alourdir.

Les auteurs de ce space-opéra auraient pu se contenter de proposer une histoire traditionnelle, de l’action, des combats en vaisseaux spatiaux, le tout saupoudrer de jolies extra-terrestre avec des gros flingues et les sempiternels robots qui fuient pour survivre. Et bien non. Lemire renverse la donne et met au coeur de sa réflexion le dogmatisme des machines face à celui des humains avec pour message que l’intelligence, qu’elle soit naturelle ou artificielle, peut facilement devenir la source de la destruction.

« Descender » étant bouclé en six tomes, un nouveau cycle s’ouvre avec « Ascender », par les mêmes auteurs qui ont décidé d’intégrer à leur univers l’Heroic Fantasy.

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