L'arabe du futur


L'arabe du futur

Scénario :   Riad Satouf
Dessin : Riad Satouf
Genre : Biographie
Année : depuis 2014
Edition :      Allary Éditions
Nombre de tomes : 4
Statut Série en cours
Public : Tout public

L'arabe du futur tome 1 L'arabe du futur tome 2 L'arabe du futur tome 3
L'arabe du futur tome 4

L'histoire
Né d'un père syrien et d'une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d'abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d'être nommé professeur. Issu d'un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile.

En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n'aide pas...), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n'a qu'une idée en tête : que son fils Riad aille à l'école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.

L'arabe du futur extrait 01

Mon avis
Sous son air faussement humoristique, Riad Sattouf nous raconte son enfance sans tricher avec le gamin qu’il était, tantôt attachant, tantôt agaçant, comme tous les enfants. Mais au lieu de porter un regard d’adulte sur les évènements de sa vie passée, c’est à travers ses yeux d’enfants, ceux qui ne comprennent pas encore le monde des grands, que le lecteur va découvrir sa famille, son père et sa mère (finalement les protagonistes principaux de cette histoire vraie) et ses frères. Avec une analyse particulièrement pointue, il nous raconte l'histoire de ce couple, à partir du moment où il l'a rencontré (c'est à dire sa naissance), et son évolution, ses transformations lentes mais inexorables.

Le jeune Riad, de culture syrienne par son père, et française par sa mère, voit s’affronter deux visions du monde radicalement opposées. Riad ne prend pas parti, il les accepte et vit avec ce qu’elles sont, posant des questions (gardant certaines réflexions pour lui) pour tenter de les comprendre et se construire lui-même ; son père syrien très conservateur et son grand-père français très raciste ne sont pas si différents, et il les aime tous les deux. Cependant, le père de Riad tient une place toute particulière dans sa vie. Le petit garçon se doit de grandir avec ce père aimant, mais également plein de contradictions, tant sur la religion, la place de la femme, les juifs, sa mère (donc la grand-mère de Riad), que l’amour conditionné qu’il porte à son pays et sa mauvaise foi chronique. Et c’est autour du personnage du père, si bien construit, si bien raconté par l’auteur, que l’œuvre va prendre toute sa force et une dimension intellectuelle bien plus profonde qu’elle n’y parait. Même lors des passages de vie où le père n’est pas là (par exemple lorsque la famille séjourne en France), celui-ci demeure constamment présent par le conditionnement dans laquelle sa famille vit. Malgré lui, ce père déstabilise, malgré lui, le lecteur appréhende son retour qui va forcément altérer les rares harmonies que la mère de Riad tente de faire exister pour ses enfants. Mais celle-ci n’est pas non plus exsangue de dualité.

En tant qu’européen, le lecteur peut facilement prendre le parti pour cette femme attachante qui s’enflamme dès que l’éducation de ses enfants se retrouve menacée (selon elle) par une culture syrienne qu’elle n’apprécie pas. Mais d’un autre côté, rares sont les moments où elle ne remet en question la relation qu’elle entretient avec son mari. Si d’abord elle s’oppose avec véhémence, elle cède (tout du moins dans les premières années), car, qu’elle le veuille ou non, c’est son mari qu’elle aime et il demeure le père de ses enfants.

"L’arabe du futur" c’est aussi un voyage dans la Syrie des années 80, un pays lui aussi plein de dualité, un pays qui n’arrive pas forcément à avancer vers la modernité, la démocratie, embourbé dans le conservatisme, la violence et la pauvreté ; et pourtant aimé par son peuple, car la Syrie c’est aussi une civilisation, une culture et des êtres humains.

Riad Sattouf, artiste multiple (BD, dessin, cinéma, acteur), auteur dans le journal satirique Chalie Hebdo (qu’il quitte quelques mois avant les attentats du 7 janvier 2015) est un dessinateur de talent, ce talent qu’il met au service de cette autobiographie en créant des dessins simples, épurés, expressifs et tout en finesse, à la manière "faussement naïve" de "Persepolis" de Marjane Satrapi ou des travaux de Guy Delisle comme les "Chroniques de Jérusalem". La bichromie, très bien dosée, permet de spatialiser les différents pays où la famille va habiter. Ce dessin épuré permet également de renforcer l’empathie du lecteur envers les principaux protagonistes et, d’un côté plus pratique, de dessiner plus rapidement les planches, ce qui créé une spontanéité narrative très appréciable à la lecture.

Avec une pagination importante, Riad Sattouf prend le temps de nous raconter son histoire, celle de ses parents, de ses pays (la Syrie et la France), ce qu’il l’a construit, tant dans la douleur que le bonheur. Et si de nombreuses situations sont racontées de manière dynamique et humoristique, rien n’est très drôle dans cette autobiographique ; certains passages sont mêmes dramatiques. Mais le regard de l’enfant permet de s’accrocher à l’espoir, aux petits détails qui font que la vie mérite d’être vécue et que la différence permet avant tout de s’épanouir, même si cela demande souvent un travaillé sur soi. "L’arabe du futur" est une autobiographie principale dans l’univers de la BD et certainement l’oeuvre majeure de Riad Sattouf, d'une justesse et d'une profondeur rare.

4 commentaires:

  1. Bjr bjr. j'ai hésité à acheté car tt le monde l'a acheté mais du coup ta critique m'a convaincu d'achater le 1er. commencé la lecture hier et en effet c très bien.merci. petit question, c prévu en combien de tomes? parceke le série a rallonge voila quoi.merci :-)

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  2. très très belle série que j ai offerte à plusieurs personnes pas encore lu le nouveau mai si c est aussi bien que les premiers volumes ca risque de devenir l une de mes séries préféré

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  3. lu le dernier tome et c'est très très bon. Il faut dire qu'il fait le double de pages que les autres et c vraiment très bien je recommande

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  4. Je ne pourrai pas dire si ces indispensable mais ces vrai que ces de la très très bonne bande dessiné je trouve quand meme que ca tourne un peu en rond avec la 4ieme partie . A lire quand meme . Oui oui oui persepolis ces vraiment vraiment trop adios

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