Le transperceneige


Le transperceneige

Scénario :   Jacques Lob
Benjamin Legrand
Olivier Bocquet
Dessin : Rochette
Genre : Science-fiction
Année : de 1984 à 2015
Edition :      Casterman
Nombre de tomes : 4
Statut : Série terminée
Public : Tout public


Le transperceneige toma 1 Le transperceneige tome 2 Le transperceneige tome 3
Le transperceneige tome 4

L'histoire
Le transperceneige. Un univers blanc, glacé, mortel. Ce qui reste d'humanité enfermé dans un train qui roule eternellement. Le destin de Proloff venu de la queue du convoi et, qui en remontant vers la loco découvre les arcanes du train... L'absurdité de la destinée humaine livrée à la vanité du pouvoir. L'histoire conçue par Jacques Lob reste un modèle du genre, un récit ù se mêlent drame, conflits politiques, amour, désespoir et poésie.

Mon avis
Voici une histoire qui a mis près de 30 ans pour s'écrire. Est-ce que "Le transperceneige" est a ranger à côté des chefs d'oeuvre de la bande-dessinée, peut-être pas car les trois décennies qui séparent le premier du dernier chapitre montrent, lorsqu'on relit tout l'ensemble, à quel point passages ont vieillis, notamment dans le premier tome. Et pourtant, l'idée (le reste de l'humanité est enfermée dans un train qui roule sans but au milieu de notre planète devenue invivable) est géniale, si l'on accepte d'emblée qu'elle soit viable. Une micro-société, avec ses règles, ses dictateurs, ses castes, qui vit dans des wagons qui sont à la fois une prison mais également le seul échappatoire à une mort certaine. Ainsi, "le transperceneige" a donné un nouveau souffle à la science-fiction. C'est sombre et violant à souhait. Ne cherchez aucun espoir dans cette oeuvre, il y en a très peu.

Les quatre tomes forment un tout qu'il est intéressant à étudier quant à leur évolution graphique et narrative puisqu'elle s'entend sur trois décenies. Le premier tome, écrit comme un one-shot, est totalement emprunt des préoccupations et de l'esthétisme des années 80. Le transperceneige lui-même est conçu comme un train régionale ! Sa structure narrative, tout en ellipse, peut être parfois compliquée à comprendre, mais a l'avantage de faire avancer l'histoire très vite et donner une certaine nervosité aux évènements que vont traverser les héros qui, s'ils suscitent moyennement de l’empathie, on l'avantage d'être facile à comprendre. C'est dans ce premier tome que les thématiques des castes sociétale et du racisme sont développées.

A partir du tome deux, on change radicalement d'univers visuel, beaucoup plus sombre et plus expressif, même s'il est parfois plus compliqué de comprendre certaines actions. L'histoire, même si elle empreinte quelques éléments du premier chapitre, prend un nouveau virage, se densifie et est forcément plus en phase avec notre monde actuel. Elle nous parle de nos avancées technologiques et nos questionne quant à notre conditionnement à travers les images que nous sur-consommons. La vérité est-elle vraiment dans nos médias ? L'univers est développé, et le train prend une dimension plus métaphorique, notamment dans son nouveau design intemporel et une taille qui n'en finit pas. Les nouveaux héros quant à eux restent caricaturaux et n'inspirent pas forcément d'identification. Il sont plus des figures de style, des analogie, à la manière du train infini, que de vrais protagonistes avec des identités fortes. Le tome trois, qui se concentre à réfléchir sur les sociétés démocratiques et les sociétés dictatoriales, est la suite direct et continue de faire évoluer l'univers en poussant, cette fois ci, les protagonistes à l'extérieur, là où le froid tue tout le monde en quelques minutes.

Le dernier tome, là encore en suite direct au précédent, est pour moi le meilleur de la série, le plus abouti. Il continue d'explorer l'univers posé voilà 30 ans, mais en tentant de ne pas tomber dans les poncifs mille fois éculés de la science fiction. Presque aussi épais que les trois autres chapitres réunis, sa narration est également plus moderne. Les auteurs se permettent même de teinter quelques passages d'une pointe d'humour, toutes propositions gardées. Ici, on parle de l'évolution de l'homme, du danger qu'il représente pour lui-même, et notamment dans son désir fou de tenter de vivre toujours plus longtemps et des technologies qu'il développe, finalement si difficiles à maitriser et qui ne peuvent le conduire qu'à sa perte.

C'est grâce à l'adaptation cinématographique, sortie en 2013 et réalisée par Bong Joon-Ho, que les lecteurs ont pu redécouvrir cette oeuvre qui avait été, il faut bien le dire, complètement oubliée par le public. Succès oblige, le tome 4 a été écrit après la sortie du film, et c'est une bonne chose car il conclut avec brio c'est oeuvre si singulière qu'il faut bien prendre le temps de lire pour en appréhender toute sa substance. Claustrophobes, achluophobes et autres frileux, prenez vos lampes torches et vos moumoutes avant de monter à bord du Transperceneige...

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