La terre des fils


La terre des fils

Scénario :  
Dessin : Gipi
Genre : Science-fiction
Année : 2017
Edition :      Futuropolis
Nombre de tomes : one shot
Statut : Unitaire
Public : Tout public, avec réserves


La terre des fils couv 1

L'histoireC'est la fin de la civilisation. Il n'y a plus de société. Un père et ses deux fils, qui comptent parmi les survivants, tentent de survivre au cataclysme passé dont les causes sont restées inconnues. Chaque rencontre avec les autres, chaque expédience pour se nourrir, chaque nuit, est dangereuse. L'air est saturé de mouches, l'eau est empoisonnée. Combien de temps pourront-ils encore survivre ? Le monde n’a plus rien de bon à leur apporter.

La terre des fils extrait 01

Mon avis
Si "La terre des fils" n'est pas des plus originale dans son histoire, son traitement et son univers demeurent quant à eux extrêmement fins, prenants, d'une noirceur bien profonde, où chaque page tournée plonge un peu plus le lecteur dans la conviction qu'il ne subsiste aucun espoir pour les personnages.

La construction méticuleuse de chaque protagoniste permet de s'immerger complètement dans l'univers et d'en comprendre les enjeux psychologiques avec une densité rare dans les one shot ; ceux-ci ne permettent pas, de par leur nombre de page réduit, d'approfondir les relations et les background de chaque personnage rencontré. La narration est ici extrêmement fluide et solide, rien n'est laissé au hasard, et les planches muettes, qui fourmillent de détails, permettent de donner un ton, un rythme lourd au récit. Ici, on ne parle pas, on survit, et pour cela, il faut être discret. L'auteur crée justement tout un langage mi-moderne, mi-primitif pour exprimer clairement le retour en arrière de notre civilisation, sans omettre qu'elle fut. Les rares bribes restantes n'en sont pas les plus glorieuses, ce qui permet d'entrevoir également ce qui a conduit le monde à ce cataclysme barbare et pourrissant.

La relation au père, la construction identitaire, sont les liens narratifs de toute cette oeuvre qui s'apparente parfois à une fable, sans jamais y plonger totalement, l'auteur restant à la limite de l'anticipation et d'une réalité bien concrète. Une nouvelle fois, le passage à l'âge adulte revient souvent à tuer le père, qu'il soit en nous ou véritablement face au héros.

Graphiquement, si les premières planches peuvent surprendre, voir repousser, très vite on est pris par la puissante ambiance oppressante, sale, puante, humide, grouillante, qui suinte à chaque nouvelles étapes de la narration. Les enchainements entre les case sont dynamiques et permettent de maintenir méticuleusement une tension qui va forcément crescendo. Si les dessins peuvent sembler simples par endroits, ils sont en fait d'un impressionnante finesse et complexité. Les nuits sont magnifiques, les visages très expressifs et tous parfaitement reconnaissables, ce qui est un vrai confort de lecture.

Que regretter, mise à part une conclusion un poil convenue ? Et bien que cela ne dure pas plus longtemps. L'univers posé ici étant tellement vaste, tellement puissant de part sa noirceur, que l'on aurait aimé suivre bien plus longtemps les héros de cette oeuvre glauque à souhait.

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