Une soeur

Une soeur

Scénario :		Bastien Vivès
Dessin :		Bastien Vivès
Genre :		Chronique sociale
Année :		2017
Edition :		Casterman
Nombre de tomes :		one shot
Statut :		Unitaire
Public :		Pour adulte

L'histoire
Antoine et Titi, deux frangins de 13 et 9 ans, profitent paisiblement des vacances d'été, entre plage et dessin de Pokémons. Les journées s'écoulent paisiblement, sauf chez les adultes. En effet, une amie de la mère des deux garçons vient de faire une fausse couche. Pour la réconforter, la mère lui propose de venir les rejoindre pour les vacances ; ça lui changera les idées. Sauf qu'elle viendra accompagnée de sa fille, Hélène. Et Hélène a 16 ans.



Mon avisComme toujours, Bastien Vivès sait raconter des histoires tout en nuance. Une subtilité qui lui permet de toucher juste, de réveiller les souvenirs de l'adulte, et de parler à l'adolescent en plein apprentissage de la vie et de l'amour. "Une soeur" raconte l'éveil des sentiments, de la sensualité, du désir, et de la douleur aussi. Il dépeint le portrait d’adolescents normaux livrés à l'évolution de leurs corps et de leurs visions du monde. Antoine, le personnage principal de cette BD, reste encore partagé entre le monde de l'enfance, représenté par son petit frère, où on joue à dessiner des Pokémons, on construit des châteaux de sable, on rêve qu'on est un pirate et on passe à côté des problèmes des "grands" ; et le monde des adultes, représenté par Hélène, où on boit, on fume, on souffre, on aime, et l'on découvre les langages du corps de manière presque choquante, ou tout du moins marquante. L'apprentissage se fait par étapes brutales, il déconstruit le cocon tissé par l'insouciance de l'enfance. Devenir adulte revient à tuer l'enfant. Même s'il n'en a pas envie, il est irrésistiblement attiré par cet inconnu qui crée dans le ventre des émotions jamais ressenties jusque là, qui déchirent le coeur, le corps, mais lui donne la sensation d'exister. Cela fait peur, mais tellement exaltant. C'est tout cela que Vivès raconte dans ces pages.

Graphiquement, le trait de Vivès demeure expressif, vif, même si l'on pourrait être un peu gêné de ne pas pouvoir toujours s'appuyer sur un visage, un regard. L'auteur préférant garder ces expressions pour souligner des moments importants, prolonger un sentiment, construire une émotion. Les décors sont minimalistes, mais suffisamment fins pour tout de suite sentir l'ambiance de ces étés interminables dans lesquels les enfants se perdent et reviennent parfois différents. La narration est comme toujours fluide, solide. Le lecteur est porté jusqu'aux dernières planches teintées d'une émotion sincère que l'auteur aura su créer patiemment sans artifice. Brillant !

"Une soeur" est une oeuvre à lire et à relire car jamais Vivès n'a jamais été aussi juste pour créer des personnages réalistes qui continent de vivre même après avoir refermé le livre.