Monsieur Noir


Monsieur Noir

Scénario :   Jean Duffaux
Dessin : Griffo
Genre : Fantastique, Conte
Année : 1994 à 1995
Edition :      Dupuis
Nombre de tomes : 2
Statut : Série terminée
Public : Tout public, avec réserves


Monsieur Noir tome 01 Monsieur Noir tome 02

L'histoireL'Angleterre, au siècle dernier. La jeune Fanny vient tout juste de perdre sa mère. Orpheline, elle est accueillie par son Oncle, le Lord Charlestone, dans l’étrange château de Blacktales. Dans cette immense demeure où il est si facile de se perdre et qui semble ne pas avoir d’extrémité, tout le monde est la recherche de "la plume". Cette plume qu’ils doivent coûte que coûte retrouver avant le retour de Monsieur Noir. Ainsi, suivant les sept cent quarante-huit rites du château, rencontrer des personnages aussi singuliers que dangereux, pactisant tant que les clans des Tohus, maitres de la demeure, et les Bohus, dissidents secrets, Fanny va se perdre elle aussi dans la quête de la plume va semer la mort et la folie.

Monsieur Noir extrait 1

Mon avis
Jean Duffaux, avec "Monsieur Noir", signe ici sa meilleure oeuvre, avec un indispensable conte noir pour adulte qu'il est impératif de découvrir. Rappelant la trilogie "Gormenghast" de l'auteur Mervyn Peake, Duffaux nous emmène à la rencontre de personnages tous plus sombres les uns que les autres où la petite Fanny semble être l'unique rayons de soleil dans cet immense château, allégorie de notre monde ultra-politisé et profondément injuste. Car c'est de cela que traite cette histoire : de la folie des Hommes à pourchasser sans cesse le pouvoir, être prêts à tout pour le prolonger encore et toujours, quitte à y perdre son humanité. Mais de toutes manière, que faire de cette humanité là où ses congénères l'ont perdu également ? Fanny représente l'innocence de l'enfance, déjà convoitée par les prédateurs qui l'entourent, déjà grignotée par l'adulte qu'elle sera, une adulte qui, comme les autres, ne vivra que pour prolonger une nouvelle fois le pouvoir qu'elle pourrait voler. L'auteur ici n'offre finalement aucun espoir au lecteur tout en lui rappelant que rien n'est jamais acquis, que tout est voué à l'échec.

Graphiquement, Griffo nous régale avec des dessins fouillés, des visages, certes classiques dans l'univers des contes, mais qui racontent à eux-mêmes toutes les déviances de notre espèce. Les décors sont somptueux, le châteaux "vivant" étant un personnage à part entière. Les couleurs, quant à elles, signées par Anaïs, oranges-jaunes-marron-vermillon pourraient être critiquées par le lecteur d'aujourd'hui car elles dénotent de celles utilisées dans la BD contemporaines. Pourtant, celles-ci renforcent complètement les enjeux dramaturgiques des auteurs. Les personnages eux-mêmes confient leur tristesse d'avoir vu le rouge du manteau de l'un des personnages viré au triste marron des nippes qu'il porte aujourd'hui.

"Monsieur Noir" est un diptyque profond qu'il convient de découvrir. Celui-ci possède énormément de symboles pas toujours simples à identifier, ce qui en fait un oeuvre d'autant plus passionnante à analyser. Et si la fin peu paraitre abrupte, celle-ci est parfaitement justifiée et demeure complètement expliquée tout au long des pages qui la précèdent. Encore faut-il vraiment les lire et les comprendre...

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